Associations caritatives à vocation médicale et expérimentation animale

Les associations caritatives à vocation médicale financent l’expérimentation animale – mais il ne faut pas qu’on le sache

*** A propos du Téléthon et de l’AFM***

Traduction du texte « Medical Charities Are Funding Animal Experiments But They Don’t Want You to Know » publié le 24/04/2012 dans le HuffingtonPost.

Ce mardi 24 avril, Journée mondiale des Animaux dans les Laboratoires reconnue par les Nations Unies, est une journée de sensibilisation au sort des centaines de millions d’animaux qui sont exploités et souvent tués pour des tests de toxicité et pour la recherche médicale. De sérieuses questions d’ordre humanitaire et scientifique sont ici en jeu.

Pour tenter de reproduire les effets de la maladie de Parkinson, une équipe de chercheurs de Londres a injecté à 22 ouistitis un puissant poison cérébral tous les jours pendant cinq jours. Après la dernière dose, aucun des singes ne pouvait plus bouger. Ils sont restés assis dans leurs cages dos voûté, muets et rigides, si lourdement handicapés qu’il a fallu les nourrir à la main. De l’ecstasy, cette drogue illégale, leur a ensuite été donnée en espérant qu’elle pourrait apporter des indications sur les voies chimiques à l’intérieur du cerveau. Aucun de ces travaux ne s’étant avéré bénéfique pour l’homme, ces singes ont donc souffert pour rien*.

Cette expérience a été financée en partie par l’association caritative à vocation médicale Parkinson’s UK, laquelle, nul ne s’en étonnera, ne souhaite pas faire de publicité autour des conséquences de cette expérience pour les singes.

En tant que défenseur des droits de l’homme, je suis habitué aux dissimulations et aux prétextes fallacieux et à ce que les détenteurs du pouvoir souhaitent l’exercer en dehors de tout contrôle public. Il est troublant que plusieurs grandes associations caritatives à vocation médicale britanniques respectées, telles que la British Heart Foundation (maladies cardiaques), la Cancer Research UK (cancer) et la Alzheimer’s Society (maladie d’Alzheimer), partagent cette volonté de secret sur l’expérimentation animale. La générosité des citoyens britanniques leur assure pourtant des centaines de millions de livres Sterling de dons chaque année. Mais lorsqu’elles sollicitent ces dons, elles ne se vantent pas de financer l’expérimentation animale et ne sont pas prêtes non plus à en discuter.

Cette réticence est compréhensible. Un sondage NOP commandé l’année dernière par Animal Aid (dont je suis contributeur) a révélé que 82% des Britanniques « ne feraient pas de don aux associations caritatives pour la recherche qui financent des expériences sur les animaux ».

De nombreux donateurs d’hier et d’aujourd’hui seraient surpris d’apprendre que certaines de leurs associations caritatives préférées persistent à financer des expériences sur les animaux qui génèrent des souffrances pour obtenir sur d’autres espèces des résultats qui sont généralement sans intérêt pour les maladies humaines dans la mesure où les hommes et les animaux sont différents sur le plan physiologique. Un traitement médicamenteux efficace chez le chien ou le chat peut ne pas l’être chez l’homme (et inversement).

Les dons publics financent des procédures expérimentales telles que des greffes de tumeurs sur des souris, alors même que ces techniques primitives ne contribuent guère à reproduire véritablement la maladie humaine. D’autres souris, dont le système immunitaire a été détruit par manipulation génétique, reçoivent des injections de cellules cancéreuses et sont contraintes d’ingurgiter des médicaments expérimentaux. Ces expériences de laboratoire font souffrir les animaux et produisent relativement peu de données applicables pour lutter contre le cancer chez l’homme.

Les expériences financées par les associations caritatives pour la recherche sur les maladies cardiaques consistent à blesser grièvement des chiens, des cochons, des lapins, des chèvres, des rats et des souris pour produire des modèles de maladies cardiaques qui sont, en réalité, très différentes de celles des patients humains. La valeur de l’expérimentation animale suscite des interrogations au sein même de la communauté scientifique.

Les associations caritatives préféreraient que ces informations ne soient pas diffusées. Animal Aid a essayé de leur demander des éléments sur le nombre d’animaux utilisés pour les recherches qu’elles financent et sur la nature de ces expériences. Les associations caritatives ont été plus qu’évasives. Si elles n’ont rien à cacher, pourquoi ne font-elles pas preuve d’ouverture et de transparence ?

Pour essayer de rendre ces recherches publiques, Animal Aid a écrit en janvier 2012 aux quatre grandes associations caritatives citées plus haut pour les inviter à débattre des questions morales et scientifiques que pose l’utilisation des animaux dans les recherches qu’elles financent. Aucune de ces associations n’a même daigné relever l’invitation.

Cette obstruction montre qu’elles méprisent le droit des particuliers à choisir de manière éclairée les associations destinataires de leurs dons. Contrairement aux expériences sur les animaux financées par les universités et les sociétés pharmaceutiques, la recherche financée par les associations caritatives dépend de la décision prise en toute conscience par des citoyens de faire don d’un argent durement gagné.

Puisqu’il s’agit d’une question d’utilité publique, ces associations devraient déclarer quelle part de leur budget elles consacrent à l’expérimentation animale, la nature des expériences ainsi que les espèces, le nombre et la provenance des animaux utilisés. Les résultats de ces travaux, y compris les progrès médicaux obtenus, devraient être publiés dans des termes spécifiques et non pas rhétoriques ou spéculatifs.

Les citoyens pourraient ainsi évaluer si les souffrances infligées sont justifiées et si les recherches ont apporté un quelconque progrès médical tangible.

D’après les éléments de preuve disponibles, les bénéfices pratiques pour les patients sont plutôt minces au regard des millions de livres Sterling octroyés à l’expérimentation animale. L’utilisation de « modèles animaux » des maladies humaines s’appuie sur de simples approximations. L’efficacité de nouveaux traitements médicamenteux sur des rats de laboratoire ne garantit en rien que ces traitements seront efficaces chez l’homme. Nous ne sommes pas des rats.

Les médicaments anti-cancéreux expérimentaux, souvent mis au point sur des souris génétiquement modifiées, révèlent pratiquement toujours leur inefficacité lors des tests effectués sur l’homme. Des améliorations ont été observées chez des lapins atteints de troubles cardiaques après injection de cellules souches de moelle, mais les essais chez l’homme restent décevants. La plupart des modèles murins de la maladie d’Alzheimer ont été inutiles pour mettre au point de nouveaux traitements. Des médicaments expérimentaux comme le dimebon, le tarenflurbil, le tramiprosate, le semagacestat et le bapineuzemab, tous efficaces sur les animaux, ne l’ont pas été chez l’homme.

De plus en plus de chercheurs en médecine sont conscients que l’expérimentation animale est une mauvaise voie pour les maladies humaines et les traitements. Ils la rejettent par conséquent pour s’intéresser à différentes techniques de recherche basée sur l’homme, comme les dons de tissus et d’organes, les cultures de cellules, la modélisation informatique et l’imagerie ainsi que les méthodes toujours vitales que sont l’observation clinique, les autopsies et l’épidémiologie. Certaines de ces alternatives ont été utilisées par le fonds du Dr Hadwen pour une recherche humaine pour faire progresser la compréhension de tout un éventail de maladies, notamment le VIH, le diabète, le cancer du sein, l’asthme, la méningite et les maladies du foie. Les résultats obtenus par le fonds sont directement applicables à l’homme et ne font pas souffrir d’animaux.

Les citoyens généreux ont le droit de savoir si leurs dons servent à financer l’expérimentation animale. Il n’est pas justifié de cultiver le secret lorsque la vie de tant d’espèces, dont la nôtre, est en jeu.

 

* Ce texte est diffusé pour alimenter la réflexion sur le scandale de la vivisection et ne compromet en rien la position abolitionniste d’International Campaigns pour qui, comme pour tous les militants abolitionnistes, rien ne peut justifier d’utiliser les animaux pour servir les intérêts de l’homme.
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